Car j'étais lâche. Et la souffrance même des lâches, je l'ai vécue. Je ne pouvais rien pour vous. De dire qu'à ces heures-là vous n'existiez presque plus pour moi n'aurait rien d'exagéré. Mieux, je vous avouerai que votre situation, votre gagne-pain, tout cela était à mes yeux vide de sens. Votre avenir ? Que m'importait ? Je n'avais pas l'âme à ces préoccupations. Je glissai, sans plus, votre lettre dans un porte-lettres, et, comme si de rien n'était, poursuivis, bras croisés, la méditation où je m'abîmais. Pour qui possède le suffisant, à quoi bon, à peine la licence passée, crier après une situation, et s'agiter en rond comme un nageur dans les algues ? C'est avec cette assez méprisante amertume que, de loin, je vous regardais en pensée. Il n'en reste pas moins que je vous devais une réponse, et je vous dis ces choses pour que vous excusiez mon silence. Je ne veux en rien vous blesse, en rien faire des jongleries de mots à vos dépens. Mon véritable cœur, la suite de cette lettre, il me semble, l'éclairera à vos yeux. Simplement, d'être resté silencieux quand je vous devais une réponse est négligence coupable dont je me sens avant tout tenu de vous demander pardon.
traduit par Horiguchi Daigaku et Georges Bonneau.
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