J'ai, cet été, reçu de vous deux ou trois lettres. Vous désiriez trouver à Tokyo une situation convenable, et, dans votre deuxième lettre si je ne me trompe, vous me demandiez de vous aider à la trouver. Je voulais sincèrement m'y employer de mon mieux, et, à tout le moins, vous donner une réponse. C'était là envers vous mon moindre devoir. Pourtant, à vous faire ma confession, je n'ai pas même levé le petit doigt pour vous. Vous le savez, le cercle de mes relations est restreint. Et restreint est encore trop faible : l'expression juste est que je vis à l'écart du monde et que j'étais impuissant à rien faire pour vous. L'effort que vous me demandiez était hors de ma portée. Encore ne touché-je pas, avec cette excuse le fond même de la question. Ma véritable angoisse était celle-ci : qu'allais-je faire de mon moi ? Allais-je continuer telle quelle, au milieu des autres hommes, cette vie de momie délaissée, ou bien ? ... Cet ou bien... je me le répétais sans cesse à moi-même. Et chaque fois un frisson me glaçait : tel un homme qui, arrivant à toutes jambes au bord d'un abîme, s'arrête net, et, penché, reste là, incapable d'en distinguer le fond.
traduit par Horiguchi Daigaku et Georges Bonneau.
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